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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/74

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allait s’écrouler. Ils descendirent donc et rapportèrent une quantité de neige et de glaçons afin que nous les examinions de près, car cela nous paraissait très extraordinaire, dans un pays qui, selon l’opinion de nos pilotes, appartient à la zone torride.

Ils nous disent en effet que nous sommes sous le vingtième degré qui est la latitude de l’île Espagnola où il fait continuellement une grande chaleur. C’est en allant voir cette montagne que mes hommes remarquèrent un chemin ; ils demandèrent aux Indiens où il conduisait ? À Culua, dirent-ils, et celui-ci est un bon chemin, tandis que celui par où l’on veut vous conduire est fort mauvais. Les Espagnols suivirent cette route jusqu’aux pieds des montagnes où il vient passer entre les deux. De là, ils découvrirent les plaines de Culua, la grande ville de Tenochtitlan et les lagunes qui s’étendent au milieu de la plaine et dont je parlerai plus tard à Votre Altesse. Ils revinrent fort heureux d’avoir rencontré un aussi bon chemin, et Dieu sait combien je me réjouis de leur découverte. Lorsque mes gens furent de retour et que j’eus reçu d’eux et des Indiens tous les renseignements ayant trait à la route en question, je fis venir les envoyés de Muteczuma qui étaient restés pour me servir de guides et je leur dis que je voulais prendre le chemin de la montagne, plus court que celui qu’ils avaient choisi. Ils me répondirent, qu’en effet, il était plus court et moins accidenté et que s’ils n’avaient pas voulu m’y conduire c’est qu’il traversait le territoire de Guajozingo, république ennemie de Culua, où nous manquerions de vivres ; mais que, puisque je voulais le prendre, ils feraient en sorte de m’y ravitailler de toutes choses comme sur l’autre chemin. Nous partîmes donc, craignant que les gens ne poursuivissent le dessein de nous dresser des embuscades ; mais comme nous avions hautement affirmé que ce serait là notre chemin, je crus bon de persévérer et de ne point reculer, ce qu’on aurait pu prendre pour un acte de faiblesse de ma part. Le jour de mon départ de Cholula, je fis quatre lieues et je campai dans certaines fermes appartenant à la ville de Guajozingo où les naturels me reçurent fort bien, et me donnèrent quelques esclaves, des étoffes et de minces pièces d’or de peu de valeur. Ils en ont peu et ils sont pauvres, par suite de leur