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Page:Cortés - Lettres à Charles Quint, trad. Charnay, 1896.djvu/88

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de villes, de villages et de maisons de campagne avec de si beaux et si grands édifices qu’on n’en pourrait trouver de plus beaux en Espagne. Ils me citeront tout spécialement un camp retranché avec forteresse, qui leur parut plus fort et mieux construit que le château de Burgos. Les habitants de l’une de ces provinces, appelée Tamazulapa, sont mieux vêtus que ceux de toute autre province et leur semblèrent très civilisés.

Les autres se rendirent en une autre province appelée Malinaltepec, située à soixante-dix lieues de la grande capitale, mais du côté de la mer. Ceux-là me rapportèrent également des échantillons d’or tiré d’une rivière qui passe dans la province. Les autres s’en furent dans une contrée qui se trouve en amont de cette même rivière, où les Indiens parlent une langue différente de celle des gens de Culua et qui s’appelle Tenich ; le cacique de l’endroit se nomme Coatelicamatl ; comme il habite un pays de montagnes élevées, d’accès difficile, il n’est point vassal de Muteczuma ; ses sujets du reste sont fort guerriers et combattent avec des lances de douze à quinze pieds de longueur. Comme ils n’ont point accepté le joug de Muteczuma, les envoyés mexicains qui accompagnaient les Espagnols n’osèrent entrer dans cette province sans en prévenir le cacique et lui en demander la permission, disant qu’ils accompagnaient les Espagnols pour visiter ses mines d’or et qu’ils lui demandaient cette faveur de la part de Muteczuma leur maître et qu’il voulût bien la leur accorder. Coatelicamatl répondit que, pour les Espagnols, il serait enchanté qu’ils entrassent dans le pays et visitassent les mines et tout ce qui les intéresserait ; mais que les gens de Culua, sujets de Muteczuma, ne pouvaient pénétrer chez lui, parce qu’ils étaient ses ennemis. Les Espagnols éprouvaient une certaine inquiétude à pénétrer seuls en ce pays inconnu ; d’autant que les gens de Culua les en dissuadaient, disant qu’ils seraient assassinés et que c’était pour les tuer plus facilement qu’on ne voulait pas les laisser passer avec eux. Cependant ils résolurent d’entrer seuls. Ils furent très bien accueillis par le cacique et les habitants du pays, qui leur montrèrent sept ou huit torrents et ruisseaux d’où ils tiraient l’or ; les Indiens en recueillirent même en leur présence, dont ils