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Page:Cottin - Œuvres complètes, Ménard, 1824, tome 1.djvu/223

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LETTRE XX.


FRÉDÉRIC À CLAIRE.


Dans l’abîme de misère où je suis descendu, s’il est un lien qui puisse me rattacher à la vie, je le trouve dans l’espoir de regagner votre estime ; en vous montrant mon cœur tel qu’il fut, tel qu’il est animé par vous, peut-être ne rougirez-vous pas de l’autel où vous serez adorée jusqu’à mon dernier jour.

Vous le savez, Claire, je fus élevé par une mère qui s’était mariée malgré le vœu de toute sa famille ; l’amour seul avait rempli sa vie, et elle me fit passer son âme avec son lait. Sans cesse elle me parlait de mon père, du bonheur d’un attachement mutuel : je fus témoin du charme de leur union, et de l’excessive douleur de ma mère lors de la mort de son mari, douleur qui, la consumant peu à peu, la fit périr elle-même quelques années après.