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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome I, 1926.djvu/82

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histoire universelle

lui ait laissé ni le moyen ni le goût d’innover dans le domaine de l’esprit. Par la suite, et toujours en imitation de l’Inde, des princes javanais convertis à l’islamisme établirent des sultanats musulmans mais sans que l’orientation générale en fut modifiée dans l’archipel. Il faut considérer sans doute l’Insulinde actuelle comme en état d’indifférence à l’égard des choses d’Europe mais apte à réagir à toute impulsion asiatique et cela avec plus ou moins de force selon que l’impulsion viendrait de l’Inde ou bien de la Chine ou du Japon.


Afghanistan

Si le Penjab est le vestibule intérieur de l’Inde, on peut dire que l’Afghanistan en est le vestibule extérieur. Il en a été souvent question dans les pages qui précèdent et de même, dans celles qui suivent, en trouvera-t-on mention. La géographie a fait de ce pays un de ces redoutables carrefours où se préparent les agressions et dont la possession peut seule assurer la sécurité de ceux qui les avoisinent. Or l’Afghanistan n’est aisé ni à conquérir ni à conserver. D’une superficie qui dépasse celle de la France (550.000 km. carrés) il renferme environ quatre millions et demi d’habitants d’origine iranienne mais musulmans. C’est en 1839 qu’a eu lieu la première intervention anglaise. Les Anglais occupèrent Caboul, détrônèrent l’émir et en installèrent un autre. Ils en voulaient un à leur dévotion. On commençait en Angleterre à s’alarmer de ce que l’on considérait comme fatalement appelé à peser sur les destinées de l’Inde : le péril russe, la descente obligatoire de l’expansion russe vers la mer d’Oman à travers la Perse, l’Afghanistan et l’Hindoustan. Il y avait là une grande part de chimère mais la politique mondiale s’en trouva longtemps influencée et cette crainte ne fut pas étrangère à l’encouragement tacite donné en 1870 à l’Allemagne par le gouvernement britannique qui désirait voir ce pays devenir assez puissant pour pouvoir au besoin servir de contrepoids aux ambitions moscovites déchaînées.

En 1842 la garnison anglaise de Caboul ayant été massacrée, il s’en suivit une nouvelle expédition. La guerre recommença trente-six ans plus tard (1878-1881) : elle fut sérieuse. Dès lors le protectorat anglais fut plus ou moins accepté par les Afghans mais les Russes s’y résignaient mal. En 1885, ils s’emparèrent de Merv et l’on put croire le conflit près d’éclater entre la Russie