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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome III, 1926.djvu/112

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histoire universelle

illusoire[1]. De fait, malgré un effort trois fois renouvelé Édouard ne réussit pas à leur imposer un souverain de son choix. Le règne de ce prince, encore qu’il eût échoué en plusieurs de ses desseins, n’en marqua pas moins une forte consolidation de la puissance anglaise. Son fils, Édouard II (1307-1327) ne lui ressembla guère. Insolent, frivole et débauché, il se fit battre par les Écossais à Bannockburn et le parlement assemblé à Westminster le déposa. Mais son petit-fils Édouard III (1327-1377) raviva, en l’accentuant, le nationalisme de son grand-père. Il y ajouta des ambitions continentales que celui-ci ne pouvait avoir. Édouard III, en effet, se trouvait être le neveu des trois derniers rois de France dont sa mère, fille de Philippe IV était la sœur. Philippe de Valois qui leur avait succédé n’était que leur cousin germain. Du moins sa lignée était-elle masculine ; celle d’Édouard était féminine. Jamais en somme la loi dite « salique » n’avait cessé d’être appliquée en France, même aux temps barbares. En 1317 on s’était borné à la confirmer. Le roi d’Angleterre en prit toutefois occasion pour proclamer la priorité de ses droits. Bien entendu, il ne le fit pas sans encouragement du côté français.

Dès le lendemain de son avènement, le nouveau roi de France s’était trouvé aux prises avec des difficultés du côté des Flandres. C’était déjà une vieille histoire. Au début du xivme siècle, les Flamands avaient eu maille à partir avec leur « comte » homme ambitieux et avare, préoccupé de caser ses neuf fils et ses huit filles et dont la tyrannie arrêtait l’essor commercial du pays. Ses sujets voués au négoce qui les enrichissait grandement s’étaient alors tournés vers la France et Philippe le bel en avait profité pour les soumettre à son autorité. Affaire mal conduite. L’administration française n’avait pas tardé à faire regretter les excès du pouvoir comtal. Il y avait eu révolte et massacres. Les « matines de Bruges » firent écho aux « vêpres siciliennes ». Un simple tisserand, Peter de Coninck, était à la tête des révoltés. Finalement un traité avait été signé, assez avantageux

  1. Il en allait de même en Irlande. Longtemps divisée en quatre principautés ; Munster, Leinster, Ulster et Connaught, l’île avait été officiellement annexée par Henri II, lequel s’y était fait autoriser par le Pape Adrien IV, anglais de naissance. Mais en dehors de Dublin, l’autorité du roi d’Angleterre y demeurait tout à fait nominale.