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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome III, 1926.djvu/83

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la revanche celto-romaine : les capétiens

Guillaume de Hollande, Richard d’Angleterre, Alphonse de Castille… Richard ne se montre guère et Alphonse point du tout. L’anarchie s’étend de tous côtés


LA REVANCHE CELTO-ROMAINE :
LES CAPÉTIENS

Depuis l’an 884 le droit héréditaire avait, de fait, cessé d’exister en France. Ayant déposé Charles le gros, prince carolingien qu’ils avaient d’ailleurs élu sans qu’il fût l’héritier légitime, les seigneurs féodaux lui avaient donné pour successeur l’un d’entre eux, Eudes, comte de Paris, qui s’était grandement illustré en défendant contre les Normands la ville dont il portait le nom. Avant lui son père, Robert le fort, n’avait pas moins vaillamment guerroyé. En ces temps où les ravages des Normands causaient de telles ruines et semaient une telle épouvante, c’étaient là des titres de haute valeur. Robert le fort possédait de vastes seigneuries en Anjou, en Touraine, en Champagne. Descendait-il d’une famille de souche gallo-romaine ou bien, comme on l’a dit, d’un chef saxon transplanté là au temps de Charlemagne ? Au vrai, l’on n’en sait rien mais cette dernière hypothèse paraît peu défendable. En tous cas sa maison avait pris racine dans le cœur même du pays — l’île de France — et il semble qu’il y ait eu, dès le principe, chez les siens, une orientation vers les idées romaines, une vision d’un État unifié et ordonné. Eudes, durant les dix années de son règne (888-898), mécontenta par là les féodaux auxquels il devait la couronne, tandis qu’il acquérait parmi les populations du sud du royaume demeurées si romaines, une renommée singulière.

Il ne lui fut pas permis de laisser la couronne à son frère Robert. Le prestige de la descendance de Charlemagne était encore assez puissant pour imposer la royauté médiocre de Charles le simple. Robert attendit se bornant à préparer les voies de l’avenir en mariant ses filles à deux de ses plus puissants voisins, le comte de Vermandois et le duc de Bourgogne. Ainsi s’accusait, dès le principe, la double caractéristique essentielle de la dynastie capétienne, la patience et la souplesse.