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successives et non sans sagesse, modifié la constitution dans un sens libéral venait d’établir en fait la monarchie parlementaire. Un plébiscite général avait approuvé ces réformes. L’opposition républicaine ne désarmait pas mais le premier ministre Émile Ollivier et ses collaborateurs auguraient bien de la mission qui leur était confiée. Par malheur les rouages militaires s’étaient détendus. Le public les croyait au point ; ils en étaient loin. Ni l’armement ni le commandement ni les effectifs n’avaient été portés au niveau de ce qu’exigeaient les progrès réalisés en Allemagne. Oubliant Sadowa les Français se croyaient toujours au temps de Solférino. Mais tel était encore leur prestige guerrier que leurs adversaires se gardèrent de toute attaque brusquée malgré l’avance dont ils bénéficiaient. Les hostilités s’engagèrent très lentement laissant à la diplomatie des délais que le cabinet de Paris ne sut point utiliser. L’impéritie des chefs fit le reste. On ne s’entendit pas. Ordres et contre-ordres se croisèrent. On arriva ainsi au désastre de Sedan (2 septembre 1870). Après de sanglants combats l’empereur fut fait prisonnier avec son armée. La guerre ne cessa pas pour cela mais l’empire disparut. Le 4 septembre la république fut proclamée sans résistance et les députés de Paris constitués en « gouvernement de la défense nationale » entreprirent de poursuivre héroïquement une lutte inégale contre l’envahisseur.

Ainsi disparut Napoléon III de la scène politique[1]. Ni l’Europe ni la France ne le regrettèrent. Il avait lassé tout le monde par l’espèce de fièvre en laquelle on avait vécu à cause de lui. « L’empire, c’est la paix », avait-il proclamé dix-huit ans plus tôt dans un discours inaugural. Et ç’avaient été sinon la guerre, du moins la surprise, l’aventure, la secousse à jet continu. L’horreur de la catastrophe finale d’ailleurs revêtait tout le règne de ténèbres, soulevant la réprobation générale. Mais aujourd’hui il est permis de prendre une plus juste vue des choses et, sans que disparaissent les petitesses de l’homme ni que s’atténuent les maladresses de son gouvernement, on est

  1. Retiré en Angleterre il y mourut au début de 1873. Son fils unique, le prince impérial, fut tué en 1879 dans le Sud-Afrique où il s’était joint à une expédition anglaise dirigée contre des indigènes insurgés.