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Page:Coubertin - Histoire universelle, Tome IV, 1926.djvu/54

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histoire universelle

nand ii saisit l’occasion qui s’offrait. La terreur régna. Il y eut pour un milliard et demi de biens confisqués. La pratique du culte réformé fut interdite. Près de quarante mille familles quittèrent leur patrie tandis que s’y installaient en maîtres des enrichis de la guerre, des moines fanatiques et les premiers représentants de cette noblesse dite « habsbourgeoise » formée d’aventuriers de différentes races uniquement attachés à la fortune de la dynastie.

L’Autriche triomphait. Conquérant le Palatinat, elle se retrouverait en contact avec les troupes espagnoles qui tenaient garnison aux Pays-bas. D’autre part, il lui suffirait d’occuper les vallées qui aboutissaient au lac de Côme pour pouvoir par le Tyrol, communiquer directement avec le Milanais. Cette région appelée la Valteline dépendait des petites républiques des Grisons qui au xvme siècle étaient devenues indépendantes et avaient fait alliance avec les cantons suisses. Les troupes autrichiennes occupèrent l’Engadine et forcèrent leur faible adversaire à livrer passage.

La France intervint aussitôt. C’était pour elle une question vitale. Sinon l’encerclement la menacerait de nouveau et dans des conditions pires, peut-être, que du temps de François ier. Richelieu eût souhaité faire davantage. Il sentait que la partie jouée en Allemagne aurait des conséquences très graves. Il ne pouvait suffire de combattre les Habsbourg en Italie ; il aurait fallu s’opposer à eux sur le sol allemand lui-même. L’état intérieur de la France ne le permettait point. Le cardinal voyait se dresser devant lui non seulement des seigneurs rebelles mais tout un parti protestant dans les affaires duquel l’Angleterre avait la main. Il lui fallut assiéger et prendre la ville de la Rochelle où les rebelles s’étaient retranchés et conduire ensuite une campagne dans les Cévennes et le Languedoc. Quand Montauban se fut rendue, Richelieu se sentit les coudées plus franches ; mais pas encore au point de pouvoir entrer en scène. Il y avait alors poussé le Danemark ; or voilà que le roi de Danemark venait de se réconcilier avec l’empereur. En Allemagne la condition des protestants empirait. Richelieu les avait combattus en France en tant qu’ennemis de l’État qu’ils cherchaient à désagréger mais il les soutenait en Allemagne où ils constituaient le seul contrepoids à la puissance autrichienne grandissante. Par l’Édit de restitution, l’empereur (1629) leur réclamait tous les biens sécularisés depuis soixante-dix ans. Il voulait leur imposer le régime subi par la Bohême. Les protestants