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Page:Coubertin - L’Éducation athlétique.djvu/25

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je l’espère bien, la donnera un jour ; mais ce n’est pas elle qui peut commencer. Il faut, pour cela, une indépendance que n’ont pas ses maîtres et que n’ont pas davantage les membres des congrégations religieuses. Les premiers sont des fonctionnaires chargés d’appliquer le texte des lois ; des circulaires leur en font connaître l’esprit ; la gestion financière se fait absolument en dehors d’eux. Étant donné le système d’éducation que la France a pratiqué jusqu’à ce jour, cet état de choses était compréhensible et excusable. Il est en complet désaccord avec les principes que je viens d’exposer. Qu’on ne s’y trompe pas, c’est dans les choses et non dans les hommes qu’est le mal ; certaines personnes considérant l’honorabilité de ceux qui appartiennent à l’Université, leur désintéressement, leurs capacités, leur ardeur au travail, s’étonnent qu’on puisse attaquer une éducation donnée par de tels hommes ; c’est que précisément ces bons ouvriers n’ont à leurs dispositions qu’un outil imparfait, de sorte que le résultat ne répond pas à ce que promettent leurs rares et précieuses qualités.

Il ne faut pas se préoccuper seulement d’écarter des obstacles et de briser les entraves que l’ancien système oppose au nouveau, mais aussi de relever la situation des professeurs et des éducateurs. Cette situation est absolument indigne de la tâche glorieuse qu’ils ont à remplir ; il n’est pas de rôle plus noble que celui de former des hommes, des citoyens, et j’imagine que la force morale d’une nation se mesure au respect dont elle entoure les instituteurs de la jeunesse. Il y a donc lieu, en France, d’émanciper les maîtres en même temps que les élèves, car les uns et les autres souffrent de la contrainte étroite qui leur est imposée. À qui fera-t-on admettre qu’un proviseur bien choisi, recommandable par ses vertus et sa science, n’en sait pas plus long sur le gouvernement de son lycée que le recteur auquel il obéit et qui ne peut tout savoir, tout connaître, tout prévoir, — ou bien que le ministre