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Page:Courant - La vie politique en Extrême-Orient, 1903.pdf/23

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ANNALES DES SCIENCES POLITIQUES.

trielle, un débouché pour le surplus de sa population qui ne se porte pas volontiers en Ézo ni à Formose. Le Japon veut donc une Corée indépendante parce que l’administration indigène, tyrannique et cupide, a rendu le Coréen incapable de se défendre économiquement ou autrement : le Coréen a de la haine, du mépris même pour le Japonais qui est l’ennemi héréditaire, mais il ne résiste pas. Japon surtout ne veut pas en Corée une autre influence que la sienne.

Là est l’explication de la rivalité avec la Russie. Cette puissance a eu la haute main à Seoul à partir de 1896-97 quand le roi s’était réfugié à la Légation de Russie, à la suite de l’assassinat de la reine et des tracasseries de tous genres des Japonais.

Depuis lors occupée en Mantchourie, elle a adopté quelque temps une politique d’effacement (depuis le début de 1898) : elle ne met pas en Corée les 400 soldats qu’elle avait le droit d’y entretenir comme le Japon (convention de 1896 Lobanof-Yamagata) ; elle supporte que les Coréens jettent bas les poteaux du télégraphe de Vladivostok au réseau coréen (1902) ; elle n’insiste pas sur sa protestation à propos des billets japonais circulant en Corée (1902, 1903). Mais depuis quelques mois les intentions de Saint-Pétersbourg paraissent autres. Depuis 1901 en vertu d’une convention de 1896, les Russes exploitaient des forêts et faisaient descendre le bois par le Ya-lou ; de la ils l’expédiaient sur Dalny et Port-Arthur pour leurs travaux d’aménagement ; cette année les Russes, en vue de leurs exploitation, ont acheté des terrains à l’embouchure du Ya-lou à Ryong-tchyen et à Ryong-am-hpo[1] ; ils ont posé une ligne télégraphique et auraient parlé d’un chemin de fer. Le gouvernement coréen a renversé les poteaux télégraphiques, a négocié ; le Japon a protesté. On a parlé de préparatifs de guerre. C’est le complément de la question de Mantchourie. La Russie ne peut abandonner la Mantchourie, elle s’intéresse moins immédiatement à la Corée, mais tâche de s’en réserver la plus grande part possible ; le Japon n’abandonnerait la Corée que par force, mais son gouvernement comprend qu’il ne peut mettre les Russes hors de Mantchourie.

III. – Japon.

L’alliance anglo-japonaise. — L’Angleterre a son mot à dire puisqu’elle est alliée au Japon. On se rappelle que cette alliance conclue

  1. Le North China Herald (21 août), le Japon Mail (15 août), ont publié des résumés d’une convention russo-coréenne qui serait en 6 ou 8 articles ; des terrains sont loués à Ryong-am à la compagnie forestière concessionnaire dans la vallée du Ya-lou ; celle-ci a le droit, moyennant indemnité, de déplacer les tombes ; etc.