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Page:Courier Longus 1825.djvu/121

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souventefois lui prenoit de la bouche un morceau et le mangeoit, elle, comme petits oiseaux prennent la becquée du bec de leur mère.

Ainsi qu’ils mangeoient ensemble, ayant moins de souci de manger que de s’entrebaiser, une barque de pêcheurs parut, qui voguoit au long de la côte. Il ne faisoit vent quelconque, et étoit la mer fort calme, au moyen de quoi ils alloient à rames et ramoient à la plus grande diligence qu’ils pouvoient, pour porter en quelque riche maison de la ville leur poisson tout frais pêché ; et ce que tous mariniers ont accoutumé de faire pour alléger leur travail, ceux-ci le faisoient alors ; c’est que l’un d’eux chantoit une chanson marine, dont la cadence régloit le mouvement des rames, et les autres, de même qu’en un chœur de musique, unissoient par intervalles leur voix à celle du chanteur. Or, tant qu’ils voguèrent en pleine mer, le son dans cette étendue, se perdoit, et la voix