Aller au contenu

Page:Courier Longus 1825.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la richesse de l’automne ; force poires de bois, force nèfles et azeroles, force pommes de coing, les unes à terre tombées, les autres aux branches des arbres. A terre elles avoient meilleure senteur, aux branches elles étoient plus fraîches ; les unes sentoient comme malvoisie, les autres reluisoient comme or.

Parmi ces pommiers, un ayant été déja tout cueilli, n’avoit plus ni feuille ni fruit. Les branches étoient nues, et n’étoit demeuré qu’une seule pomme à la cime de la plus haute branche. La pomme belle et grosse à merveille, sentoit aussi bon ou mieux que pas une ; mais qui avoit cueilli les autres n’avoit osé monter si haut, ou ne s’étoit soucié de l’abattre ; ou possible une si belle pomme étoit réservée pour un pasteur amoureux. Daphnis ne l’eut pas sitôt vue qu’il se mit en devoir de l’aller cueillir. Chloé l’en voulut garder ; mais il n’en tint compte : pourquoi elle peureuse et dépite de n’être point écoutée, s’en fut où étoient leurs troupeaux, et Daphnis montant au fin faîte de