Page:Courier Longus 1825.djvu/158

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Lamon prenant la parole, dit : « C’est celui, mon maître, qui garde tes chèvres. Tu m’en baillas cinquante avec deux boucs, et il t’en a fait cent, et dix boucs. Vois-tu comme elles sont grasses et bien vêtues, et qu’elles ont les cornes entières et belles ! Il les a instruites, et sont toutes apprises à entendre la musique, et font tout ce qu’on veut en oyant seulement le son de la flûte. »

Cléariste, qui étoit là présente, eut envie d’en voir l’expérience. Si commanda à Daphnis qu’il jouât de la flûte ainsi qu’il avoit accoutumé quand il vouloit faire faire quelque chose à ses chèvres, et lui promit, s’il flûtoit bien, de lui donner un sayon neuf, une chemisette et des souliers. Adonc Daphnis debout sous le chêne, toute la compagnie en rond autour de lui, tira sa flûte de sa panetière, et premièrement souffla un bien peu dedans ; soudain ses chèvres s’arrêtant, levèrent toutes la tête : puis sonna pour les faire paître ; et toutes aussitôt, mettant le nez en terre, se prennent à brou-