Aller au contenu

Page:Courier Longus 1825.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sans lui avoir aise ni repos, profita d’un moment qu’Astyle se promenoit seul au jardin, le mena dans le temple de Bacchus, et là se mit à lui baiser les mains et les pieds ; et Astyle lui demandant pourquoi il faisoit tout cela, et que c’étoit qu’il vouloit dire : « C’en est fait, mon maître, dit-il, du pauvre Gnathon. Lui qui n’a été jusqu’ici amoureux que de bonne chère, qui ne voyoit rien si aimable qu’une pleine jarre de vin vieux, à qui sembloient tes cuisiniers la fleur des beautés de Mitylène, il ne trouve plus rien de beau ni d’aimable que Daphnis seul au monde. Oui, je voudrois être une de ses chèvres, et laisserois là tout ce qu’on sert de meilleur à ta table, viande, poisson, fruit, confitures, pour paître l’herbe au son de sa flûte et sous sa houlette brouter la feuillée. Mais toi, mon maître, tu le peux, sauve la vie à ton Gnathon, et te souvenant qu’Amour n’a point de loi, prends pitié de son amour : autrement, je te jure mes grands Dieux