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Page:Courier Longus 1825.djvu/32

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pris leur fut un remède pour l’heure au mésaise d’amour : mais revenant le jour, ils eurent même passion qu’auparavant, joie à se revoir, peine à se quitter ; ils souffroient, ils vouloient quelque chose, et ne savoient ce qu’ils vouloient. Cela seulement savoient-ils bien, l’un que son mal étoit venu d’un baiser, l’autre, d’un baigner.

Mais plus encore les enflammoit la saison de l’année. Il étoit jà environ la fin du printemps et commencement de l’été, toutes choses en vigueur ; et déja montroient les arbres leurs fruits, les blés leurs épis ; et aussi étoit la voix des cigales plaisante à ouïr, tout gracieux le bêlement des brebis, la richesse des champs admirable à voir, l’air tout embaumé soève à respirer ; les fleuves paroissoient endormis, coulant lentement et sans bruit ; les vents sembloient orgues ou flûtes, tant ils soupiroient doucement à travers les branches des pins. On eût dit que les pommes d’elles-