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Page:Courier Longus 1825.djvu/35

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tous les tuyaux d’un bout à l’autre, faisant ainsi semblant de lui vouloir montrer où elle avoit failli, afin de la baiser à demi, en baisant la flûte aux endroits que quittoit sa bouche.

Ainsi comme il étoit après à en sonner joyeusement sur la chaleur de midi, pendant que leurs troupeaux étoient tapis à l’ombre, Chloé ne se donna garde qu’elle fut endormie : ce que Daphnis apercevant, pose sa flûte pour à son aise la regarder et contempler, n’ayant alors nulle honte, et disoit à part soi ces paroles tout bas : « Oh ! comme dorment ses yeux ! Comme sa bouche respire ! Pommes ni aubépines fleuries n’exhalent un air si doux. Je ne l’ose baiser toutefois ; son baiser pique au cœur, et fait devenir fou, comme le miel nouveau. Puis, j’ai peur de l’éveiller. O fâcheuses cigales ! elles ne la laisseront jà dormir, si haut elles crient. Et d’autre côté ces boucquins ici ne cesseront aujourd’hui de s’entre-heurter avec