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Page:Courier Longus 1825.djvu/79

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voulut un petit rafraîchir ses gens las d’avoir couru le pays, et trouvant un promontoire assez avancé en mer, dont l’extrémité présentoit deux pointes en manière de croissant, abrit aussi sûr qu’aucun port, il y jeta l’ancre sous une roche haute et droite, sans autrement aborder, afin que de la côte à toute aventure on ne lui pût faire nul déplaisir, et ainsi permit à ses gens de se traiter et réjouir en pleine assurance. Eux ayant à bord foison de tous vivres qu’ils avoient pillés, se mirent à manger, boire et faire fête, comme on fait pour une victoire. Mais dès que le jour fut failli, et que la nuit eut mis fin à leur bonne chère, il leur fut avis soudainement que la terre étoit toute en feu, et vers la haute mer entendirent un bruissement dans le lointain, comme des rames d’une grosse flotte qui fût venue contre eux. L’un crioit aux armes, l’autre appeloit ses compagnons ; l’un pensoit être jà blessé, l’autre croyoit voir un homme mort gisant devant