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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/11

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L’ÉTOILE DE PROSPER CLAES

suite, ils retombaient sur le billot où, infatigable, la hache les débitait avec des sourires à la goinfrerie germaine — germaine de la leur !…

Dans ces affreux parages, ce n’est pas toujours l’abjecte pratique qui donnait les pires nausées.

Que faire pour dissiper son incurable tristesse ? Se réfugier dans la ville haute ? Elle n’était pas moins déprimante avec ses boulevards souillés de pancartes indicatrices du siège des « commandanturs » et des « centrales », la soldatesque bureaucratique qui courait, affairée, autour des ministères, le grotesque tintamarre des parades quotidiennes offertes à la curiosité complaisante des bourgeois sans révolte ni colère, parce que sans âme…

Il fallait s’enfuir jusqu’à la Chapelle en Marollie pour calmer les élancements de sa douleur ou descendre dans la ville basse qui, toute proche, mais séparée du vacarme des Bourses et de l’impétueux courant des chemins traversiers, gardait encore quelque chose de son honnête physionomie d’autrefois.

Certes, « ils » étaient partout : point de venelles ni d’impasses si pauvres, si nauséabondes et si noires où ne surgît tout à coup de l’ombre une capote grise. Mais « ils » ne pullulaient pas ici comme là-bas, et leur masque s’y montrait parfois moins farouche sinon plus aimable.

Dans ces vieux quartiers, échappés sains et saufs de tant de dominations étrangères, on respirait d’une haleine plus libre ; une détente s’opérait en vous. La soupape de l’ironie fonc-