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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/118

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Il poussa un profond soupir :

— Oh ! oui, ton fils, l’enfant de notre Prosper !

La bonne quincaillière intervenait à son tour :

— Ton oncle a raison, dit-elle affectueusement. Nous avons si peur que tu ne deviennes malade. Promets-nous d’être plus calme à l’avenir…

L’animation de la jeune fille était tombée ; son visage avait subitement perdu sa coloration joyeuse et l’on eût dit qu’il se contractait comme sous un violent débat intérieur. Elle hésitait à répondre. Alors, elle s’approcha de son oncle dont elle saisit tendrement la tête vénérable dans ses mains :

— Et si j’avais mes raisons pour ne pas être aussi raisonnable que vous le voulez, dit-elle d’une voix sourde et tremblante, si ce petit Péro…

Ses paroles s’arrêtèrent devant une révélation formelle. Soudain, elle tomba aux genoux du vieillard dont elle couvrit les mains de larmes et de baisers frémissants.

Et le brave homme, stupéfait, interrogeait sa femme accourue près d’eux et regardait la jeune fille pâmée à ses pieds sans oser comprendre encore, essayant de démêler ces soupçons confus qui le hantaient depuis quelques jours, effaré tout à coup de voir poindre comme la douce aurore d’une grande joie au milieu de sa douleur.

— Ma pauvre enfant, murmura-t-il enfin, ma pauvre enfant, est-ce que tu deviens folle !

Mais elle, relevant son visage soudainement transfiguré par le bonheur :