Aller au contenu

Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Est-ce que vous êtes fou ?

— Et puis, continua-t-il sans prendre garde à cette remarque insultante, il y a encore une raison supérieure qui me défendrait de partir…

— Et quoi donc ? Ça, je serais une fois curieuse de savoir !

Il se redressa et, avec une écrasante dignité :

— Je me dois à mon art !

C’en était trop. Il se moquait d’elle. De nouveau, elle lui cria d’une voix exaspérée :

— Allez-vous-en pour l’amour de Dieu ! Vous me dégoûtez. Je ne sais plus vous voir !

Il ne la connaissait pas sous cet aspect violent qui ne la rendait que plus excitante encore. Ah ! elle ne jouait pas un rôle : elle était la vérité, l’indignation même !

Il comprit tout à coup qu’elle avait une âme et qu’il ne l’en aimait que plus profondément. Alors, avec timidité :

— Voyons, Mademoiselle Emma, si je m’en allais là-bas, près des autres, est-ce que vous seriez contente ? Est-ce que vous me pardonneriez ? Est-ce que vous…

Il n’osait plus exprimer toute sa pensée. Elle éclata d’un rire furieux, outrageant…

— Partir, vous ! Quelle farce ! Est-ce que vous sauriez quitter vos petites femmes du Conservatoire !