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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/146

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— Et pourquoi donc ? insista Charlotte. Ce serait si gentil. Est-ce que nous ne sommes pas des amies maintenant…

— Oh ! je vous aime de tout mon cœur, chère Mademoiselle, mais ce que vous demandez est impossible…

— Mais pourquoi donc, voyons ?

La troupe enfantine venait de sortir du réfectoire et les jeunes filles demeuraient seules au fond de la grande salle :

— Je vous en prie, repartit Martha dont les yeux s’étaient humectés, ne m’interrogez pas davantage. Oh ! ce n’est pas que j’y mette de la mauvaise volonté mais…

Elle éprouvait un profond regret de faire violence à son affection pour Charlotte. Très émue, elle s’était assise au pupitre du contrôle affectant de compter une pile de bulletins et de cartes. Soudain, deux bras enlacèrent son cou et une voix lui murmura à l’oreille :

— Voyons, Mademoiselle, puisque maman n’en saura rien…

La jeune fille se retourna stupéfaite, mal impressionnée d’abord. Mais Charlotte lui souriait de toute sa tendresse :

— C’est le désir de Victor d’avoir notre portrait ensemble, dit la bonne enfant. Pardonnez-lui, mais il m’a tout raconté dans sa dernière lettre…

Elle resserra son étreinte et, comme si un premier rayon de bonheur perçait tout à coup à travers sa mélancolie :

— Oh ! chère sœur, que je suis contente !