Aller au contenu

Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/149

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

si conciliante vis-à-vis de personne. Sa figure, plutôt dure et sèche, s’adoucissait en présence de Mlle L’Hœst et souriait aisément ; elle gardait même son expression bienveillante longtemps après que la jeune fille s’en était allée, de telle sorte que le charbonnier pouvait connaître à l’humeur agréable de sa femme les jours de visite de Camille.

Cependant Mme De Bouck était trop intelligente pour rien laisser transparaître de ses desseins en face de l’orpheline. C’est ainsi qu’elle s’abstenait de faire l’éloge de son fils et même d’en parler. Il est vrai que Camille la prévenait à cet égard : pénétrée de reconnaissance envers le jeune médecin, elle s’informait de lui avec une sollicitude à laquelle la négociante était d’autant plus sensible qu’elle lui semblait de bon augure pour la réalisation facile de ses espérances. Toutefois, et par des transitions dont elle avait le secret, l’orpheline savait toujours mêler le nom de Martha à l’entretien, exprimer sa vive affection pour la fille de Théodore en insistant avec une douce mélancolie sur l’amitié qu’elle inspirait à Prosper, lui qui savait combien son cœur était fait de bonne complaisance, de dévouement et d’abnégation.

— J’ai pensé souvent, avoua-t-elle un jour, qu’il l’aurait épousée si nos parents n’avaient pas eu l’idée de nous fiancer. Elle était digne de lui plus que moi…

— Êtes-vous sincère ? s’était récriée la charbonnière. Mais c’eût été une mésalliance !

— Prosper ne l’eût pas envisagé comme cela,