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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/15

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L’ÉTOILE DE PROSPER CLAES

fût devenue une reluisante paysanne, ce qui n’apparaissait pas devoir être bien long ; et la fillette, encore que l’absence de sa sœur l’eût beaucoup attristée dans les premiers jours, avait bientôt repris toute la gentille insouciance de son âge au milieu des bonnes gens et des amusantes bêtes de la ferme.

Déchargée du rôle de gardienne maternelle, la grande sœur en avait tout de suite accepté un autre : elle ravitaillait les cantines d’enfants au moyen de la dîme aumônière prélevée sur les provisions de ménage. Donc, on la voyait se promener presque tous les jours avec sa corbeille de pourvoyeuse où chacun mettait son offrande, qui plus, qui moins, selon ses ressources ou la bonté de son cœur. Rien ne pouvait rebuter la jeune fille dans ce devoir de charité, ni le mauvais temps, ni les refus de certains êtres rébarbatifs, fermés à tout sentiment d’entr’aide. Elle gardait sa bonne mine des « Peupliers » et se sentait vaillante, pleine de force ; le séjour à la campagne l’avait débarrassée de sa pâleur maladive pour lui donner les bonnes couleurs, la ferme plastique de la santé. Elle n’en était que plus aimable avec son angélique sourire et l’harmonie de sa jolie voix. Aussi faisait-elle de fructueuses tournées dans le voisinage, plus vive et légère à mesure que la corbeille devenait plus lourde à son bras infatigable.

Personne qui n’attendît sa visite avec plaisir, à part quelques égoïstes, comme ces Buellings par exemple, toujours maugréant, d’autant plus insensibles aux malheurs présents