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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/255

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— Hélas, soupira-t-elle, il était mortellement frappé…

Le prêtre se recueillit :

— Et si Dieu, dit-il d’une voix étouffée, si Dieu avait fait un miracle ?



Camille se ranimait sous les douces paroles du vieillard. Il expliquait son silence ; pourquoi lui apprendre que son fiancé était toujours debout quand il avait encore tant de périls à courir ? Alors, quel surcroît de douleur si la mort l’eût, cette fois, inexorablement frappé ? N’était-ce pas assez du terrible coup qu’elle avait reçu ? Une plaie qui se rouvre, oh ! l’affreuse torture ! Et puis, la mission que le soldat allait accomplir exigeait que nul de ses proches ne pût donner le moindre soupçon qu’il était encore de ce monde. Le véritable espion reste secret, ignoré de tous ; et lui, dans une contrainte sublime, ne doit plus connaître aucun des siens…

— Prosper fut ce héros… Un jour vous apprendrez le rôle qu’il a joué au front et dans cette ville, tout près de vous… C’est une histoire merveilleuse comme une légende !

Les larmes de Camille coulaient doucement :

— Il fut un héros, gémit-elle, il « fut »…

Le prêtre la soutenait dans ses bras ; maintenant, il pouvait tout lui dire :

— Ma fille, bénissons le Seigneur, car il a