Aller au contenu

Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/76

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils étaient consternés tous deux :

— Pardon, murmura la jeune fille, c’est mon frère qui nous l’a adressé de la part de M. Victor.

Déjà la grande femme s’était élancée vers l’étagère et d’un lorgnon fébrile examinait la photographie au bas de laquelle il y avait cette dédicace : « À ma chère Martha ! »

Elle était stupéfaite :

— Ah ça ! je rêve sans doute… Qu’est-ce que cela veut dire ?

Mais devant ces paroles outrageuses, ce visage dur, plein d’une colère concentrée et méprisante. Martha retrouva subitement sa fierté et tout son courage de fille qui va lutter pour son bonheur.

Son père voulait parler : elle lui adressa un regard qui le suppliait de ne pas intervenir :

— Cela veut dire, Madame, dit-elle d’une voix calme et grave, que nous nous aimons et que nous nous sommes promis de n’être à personne si nous ne pouvons être l’un à l’autre…

— Et vous croyez que je…

— Non Madame, continua la jeune fille, je ne pense pas que vous consentiez jamais à m’accepter comme belle-fille… Croyez du reste que j’ai tout fait d’abord pour persuader à M. Victor que, dans sa position, je n’étais pas la femme qui lui convenait… Je l’ai supplié, lui faisant prévoir votre mécontentement, votre refus… Mais le cher garçon s’est obstiné. Hélas, moi aussi maintenant, je l’aime de tout mon cœur !

— Je le regrette, Mademoiselle, fit la négo-