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Page:Courouble - L'étoile de Prosper Claes, 1930.djvu/79

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rebiffa aussitôt contre cette marque d’injurieuse condescendance.

— M. De Bouck est un brave homme et pas fier, dit-il fermement, et je me demande s’il n’est pas convenable de ma part de le mettre tout de suite au courant de ce qui se passe…

— Je vous défends… je vous prie de n’en rien faire, repartit vivement la charbonnière. Le pauvre homme aura déjà assez de chagrin en apprenant que Victor est blessé…

— Soit, Madame, répondit doucement Martha, mon père s’abstiendra, bien que je pense, moi aussi, qu’il vaudrait mieux ne rien cacher à votre mari…

— Non, ne l’importunez pas avec cela. D’ailleurs, j’ai mes raisons…

Elle allait prendre congé et cherchait sans doute une phrase d’insolente politesse qui marquât bien la distance qui la séparait de ses hôtes, quand elle réfléchit qu’ils étaient en mesure, grâce à leurs relations secrètes avec des courriers spéciaux, de lui fournir des nouvelles beaucoup plus abondantes et plus promptes qu’elle n’en eût obtenu par ses propres moyens. Il fallait donc les ménager, ne pas rompre avec eux d’une manière définitive. Aussitôt, changeant d’attitude :

— Je ne voudrais pas m’en aller en vous laissant de moi une mauvaise impression, dit-elle avec une émotion affectée. Je comprends combien mes paroles ont dû vous causer de peine, mademoiselle, mais soyez raisonnable et mettez-vous à ma place… L’avenir d’un fils est une si