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MADAME DESBORDES-VALMORE À BORDEAUX

la désirons, est trop peu comme ressources. Il ne comprend que Bordeaux et veut faire tous ses efforts pour nous y caser. Je vais lui répondre longuement et entamer quelque chose de sérieux de ce côté[1].

Ondine était alors sous-maîtresse à la pension Bascans-Lagut. Mais le projet n’aboutit pas : le 4 décembre 1846, Inès était emportée par la phtisie. En décembre 1852, le bon Gergerès faisait encore une offre : Valmore pourrait revenir au Grand-Théâtre. Mais Marceline objectait qu’il lui serait impossible de s’accommoder du directeur Walter[2]. Valmore avait, du reste, abandonné la scène : il était, depuis le 1er septembre, attaché à la rédaction du catalogue de la Bibliothèque nationale, aux appointements de 1.300 francs[3]. On le voit, la nostalgie de Bordeaux fut, pendant plus de vingt ans, une des pensées constantes de Marceline. Elle la ramenait toujours vers la ville où elle avait passé quatre années, qui, à distance, lui apparaissaient comme heureuses.

Sa correspondance avec Gergerès permet encore de la suivre dans les vicissitudes de sa douloureuse existence. Elle l’entretient de son état de santé, de sa fièvre et de son « insomnie dévorante » à Lyon, en 1829[4], de sa pauvreté, de ses meubles et de son argenterie qu’elle est obligée de vendre[5], des travaux « de son cher métier de mère et de femme pauvre », de la mort de son vieil ami le Dr Alibert, de la maladie de son cher mari[6], de ses difficultés d’argent, « ce vil métal », de la malhonnêteté d’un individu qui lui a extorqué un manuscrit, l’a vendu pour rien à un éditeur parisien et dont elle n’a pas touché un sou[7], des 759 francs que lui a donnés Charpentier pour Les Pleurs et des 1.200 que lui a valu L’Atelier d’un peintre[8]. Le 9 mars 1840, elle lui apprend enfin une bonne nouvelle, une pension de 1.200 francs, obtenue de Louis-Philippe par Villemain[9]. Elle lui conte les journées de juillet 1830 à Lyon, les émeutes d’ouvriers, la crise terrible que traversa le ménage à la suite de la Révolution de 1848, les angoisses que lui cause la situation lamentable de son mari[10].

  1. J. Boulenger, Ondine Valmore, 1909, p. 139.
  2. Lettres inédites, p. 87.
  3. L. Descaves, op. cit., p. 253.
  4. Lettres inédites, p. 33, 35.
  5. Ibid., p. 45 (3 juin 1831).
  6. Pougin, p. 230-232 (25 novembre 1837).
  7. Lettres inédites, p. 29 (6 février 1828).
  8. Ibid., p. 50 (4 décembre 1833).
  9. Ibid., p. 70. — Cf. Boulenger, Marceline D.-V, p. 260.
  10. Ibid., p. 42 (22 novembre 1830), 86 (26 avril 1849).