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MADAME DESBORDES-VALMORE À BORDEAUX

Grenoble. Il achèvera sous nos yeux son éducation. Il est bien des pieds à la tête, et au dedans comme au dehors. C’est encore un ange, et il sera un honnête homme. Les mathématiques, les langues, le dessin, voilà son lot. Sobre, intègre, soumis, ce sera son père dans une carrière plus régulière et meilleure. Ses soœurs sont deux petites saintes vous les aimerez bien. They speak english all days. They bloom on the prayer and love[1].

Au début de 1838, le ménage a de nouveau quitté Lyon et est à Paris, d’où Marceline écrit, le 14 février :

Hippolyte rêve déjà beaucoup à vous serrer les mains qu’il se rappelle si pleines de gâteaux. Inès vous ouvre ses bras, pour vous remercier de l’asile des vôtres. Je lui ai raconté cet événement de son enfance. Jugez si je vous ai fait une amie de cette petite Bordelaise, toute passion et tout soleil. Ma blonde et gracieuse Line se ressouvient de tout et pleure toujours. Hélas ! cette charmante fille pleure déjà tout ce qui est loin et tout ce qui s’en va[2].

En 1843, au lendemain du succès de la Lucrèce de Ponsard, à l’Odéon, elle espère qu’elle aura, « provisoirement du moins, un répit contre la famine ».

C’est l’ange descendu aux pleurs d’Agar dans le désert. Mon fils, notre cher Ismaël, aura un peu d’eau : par combien de sueurs son pauvre et adorable père l’achète-t-il[3] ?

L’année suivante, Ondine, qui a vingt-trois ans, « vient de passer bravement et victorieusement ses examens scientifiques. C’est une petite fille sage, comme une nonne volontaire, de qui l’esprit sérieux n’ôte pas une grâce à notre petite Bordelaise[4]. »

Le ménage est resté à Paris, à cause des enfants. Et Marceline semble le regretter, car, dit-elle, « en quel pays du monde ma chère Ondine n’eût-elle pas abrité son intelligence avec plus d’avantage ? » Elle demandait l’appui de Gergerès pour faire entrer son mari à la Compagnie d’Orléans[5]. Enfin, après 48, Ondine trouva une situation plus rémunératrice que son poste de sous-maîtresse. Armand Marrast

  1. Pougin, p. 233 (25 novembre 1837).
  2. Lettres inédites, p. 65-66.
  3. Ibid., p. 79 (5 mai 1843).
  4. Ibid., p. 80.
  5. Ibid., p. 82-83 (4 janvier 1846).