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Page:Courteault - Mme Desbordes-Valmore à Bordeaux, 1923.pdf/43

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MADAME DESBORDES-VALMORE À BORDEAUX

Elle demandait, par contre, à Gergerès des nouvelles des amis qu’elle avait connus à Bordeaux, des camarades de son mari, Matis et Constant, de son vieux professeur d’anglais Williams, du chanteur Garat, de Cécile Rémy. Le 17 février 1835, elle se plaint qu’il ne lui écrit plus : « Cela me fait de la peine ». Le 10 décembre suivant, elle s’excuse de son silence à son égard[1]. Elle continue à s’intéresser à Édouard Delprat, dont elle a appris, en février 1829, le mariage :

Bien qu’il soit heureux, nous l’aimons toujours, et surtout bien qu’il nous oublie. Nous ne serons jamais détachés de Bordeaux, c’est une chose arrêtée. Il faut encore que vous me disiez des nouvelles de M. Mestre[2]. Est-ce une amitié perdue ou endormie ? Le voyez-vous ? Il a été si bon pour nous. Nous y tenons par la reconnaissance[3].

En 1829, Mlle Mars, son amie, était à Bordeaux. Elle n’y avait pas été aussi bien accueillie du public que les fois précédentes. Elle avait cinquante-quatre ans. C’était une raison, pensait Marceline. « Si vos enfiévrés savaient que Mlle Mars a cinquante-quatre ans, peut-être qu’ils la tueraient. » Gergerès avait été très affligé de cet accueil. Mme Desbordes-Valmore prend pourtant la défense du public bordelais :

Sachez que, de toute la province, le public de Bordeaux est le plus délicat, le plus gracieux dans ses adoptions, celui dont la tenue soit la plus décente et le tact le plus fin. Ne vous étonnez pas que je l’aime et que je le regrette, du fond de mon cœur ; car ce n’est pas le public de Bordeaux qui vient d’outrager ce que la scène possède de plus parfait, il l’a au contraire noblement défendue et protégée. Mais qui peut guérir une telle blessure ? Non, non, la gloire ne vaut rien puisqu’elle est amère, même à Mlle Mars, et j’en suis toujours pour mes moutons et mes vallées tranquilles[4].

Elle avait aussi conservé un fidèle et doux souvenir de l’accueil des Géraud. En voici des preuves nouvelles. Elle écrivait de Lyon à Gergerès :

Heureux habitants de Belle-Allée, que le même ombrage vous protège toujours et que la petite Elodie n’en connaisse pas d’autre[5] !

  1. Ibid., p. 32, 35, 42, 63, 67. — Pougin, p. 208, 241.
  2. Théodore Mestre, maire de Saint-André-de-Cubzac de 1818 à 1840, fondateur de la première école mutuelle en Gironde.
  3. Lettres inédites, p. 38.
  4. Lettres inédites, p. 39.
  5. Ibid., p. 30 (6 février 1828).