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Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/207

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« Que le ver attaquait pour la première fois.
« J’écoutai, frémissant d’une horreur indicible,
« Les étranges accents de ce duo terrible
« Que près de moi chantaient ces effrayantes voix.

le mort.


« Où suis-je ? Mais qui donc vient ainsi de me mordre ?
« J’ai senti tout mon corps s’agiter et se tordre
« Comme un arbre sous l’ouragan.
« Qui donc est-il celui qui partage ma couche ?…
« Il s’approche de moi, je sens encor sa bouche
« Qui presse et torture mon flanc !

le ver.


« Je suis le maître ici. Mon haleine est glacée
« Comme le vent un jour d’hiver ;
« Toute force par moi demeure terrassée,
« Je suis le roi, je suis le Ver.

le mort.


« Le ver ! le ver déjà !… Quoi ! c’est donc sa morsure
« Qui déchire ma chair ! Quoi ! déjà la pâture
« De cet horrible compagnon !
« Mais pourtant c’est hier que j’ai quitté la vie,
« Que j’ai vu près de moi ma famille attendrie
« Pleurer en prononçant mon nom !