Aller au contenu

Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

301
journal du siège de paris.

l’armée de la Loire ? Nous le saurons bientôt. On dit que Bismark est parti hier pour Berlin. Pourquoi ? On prétend que la présence de Thiers à Saint-Pétersbourg aurait amené la Russie à prendre une attitude hostile à la Prusse, et que c’est pour conjurer l’orage qui menace Berlin du côté de l’Orient que le premier ministre de Guillaume s’est hâté de traverser le Rhin. Peut-être toute cette histoire n’est-elle qu’un de ces canards qui nous tombent tous les jours dans le bec en place des ortolans qui font complètement défaut. Dans les journaux de ce matin, Victor Hugo adresse une seconde épître aux Parisiens. Style haché genre Michelet, antithèses éloquentes, cette production sera acclamée comme un chef-d’œuvre immortel par la confrérie hugolâtre. Pour le commun des mortels, elle ne sera qu’une amplification réussie. Le gouvernement vient de suspendre les subventions théâtrales. Je trouve cela fort juste. Pourquoi le paysan, l’ouvrier, le petit rentier qui ne mettent jamais le pied dans les grands théâtres, les seuls subventionnés, pourquoi les personnes que leurs principes religieux éloignent de ces genres d’amusements paieraient-ils les appointements des danseuses, qui gagnent assez d’argent comme courtisanes du high life sans que l’État force les contribuables à payer les plaisirs des amateurs de ballet ? Il me semble que l’argent du public ne doit servir qu’à améliorer moralement et matériellement le sort du peuple. Je n’ai jamais pu comprendre comment la Ferraris et la Mouravief, qui reçoivent chacune