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Page:Crémazie - Œuvres complètes, 1882.djvu/451

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journal du siège de paris.

n’est plus que le président du gouvernement de la défense nationale. Aucuns disent que tout ce tripotage n’est fait que pour ne pas mettre Trochu dans l’obligation de signer la capitulation, qui est prochaine maintenant. Nos chefs militaires jouent de malheur. Ducrot, le 29 novembre, lançait une proclamation flamboyante dans laquelle il jurait qu’il ne rentrerait à Paris que mort ou vainqueur. Il n’a pas été victorieux, et bien loin d’être mort, il se porte aussi bien que le Pont-Neuf. Trochu devra signer, sinon comme gouverneur de Paris, du moins comme chef du gouvernement, la capitulation que la faim nous imposera dans quelques jours.

Dimanche, 22 janvier. — Temps très doux. Le bombardement continue et fait toujours quelques victimes. Pendant la nuit, une bande de Bellevillois a forcé la prison de Mazas et a obligé le directeur à mettre en liberté Flourens, Bauer et une dizaine d’autres détenus politiques. Après-midi, quelques milliers d’habitués des clubs sont descendus sur la place de l’Hôtel de Ville. Ils ont commencé à faire feu sur les mobiles bretons qui gardent le palais municipal. Ceux-ci ont répondu en faisant des feux de peloton. En un instant, ça été un sauve-qui-peut général. On parle de 40 blessés et d’une quinzaine de tués. Parmi ces derniers, le commandant Sapia, qui avait été compromis dans les émeutes précédentes. Du reste, le général Vinoy est un vieux brûlot avec qui il ne faut pas plaisanter. Il avait déjà fait sortir les mitrailleuses pour balayer la