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Page:Créquy - Souvenirs, tome 1.djvu/46

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SOUVENIRS

décorée, et si bien à l’abri de toute profanation, que reposeraient les restes chéris et vénérés de ma tante, ma bonne et chère tante ! Beatam Resurrectionem expectans. — Ah oui ! m’écriais-je, en laissant tomber des flots de larmes, que j’essuyais bientôt, avec des élans de joie céleste et de félicité radieuse ; ah oui ! la résurrection réunira tous ceux qui se seront endormis dans la même foi, dans la même espérance et dans le culte sacré du même tombeau ! le seul tombeau qui n’aura rien à rendre à la résurrection[1] !

Il y avait sur un sarcophage de marbre noir, isolé sur le pavé de la chapelle et placé sur une estrade de trois marches, à la hauteur d’un cercueil, il y avait une belle figure couchée, qu’on attribuait, dans l’obituaire du couvent, à Jean Goujon, le fameux statuaire, et qui représentait une jeune Abbesse de Montivilliers, de la famille de Montgommery. Elle était morte à 19 ans, portait son épitaphe, où l’on voyait aussi qu’elle avait été malheureuse et persécutée par ceux qui connurent la bonté de son cœur et qu’elle avait comblés de ses bienfaits. PRIEZ POUR SES ENNEMIS, disait-on pour elle, à la dernière ligne de cette inscription.

Le sculpteur avait introduit autour du doigt annulaire de la main droite, qui retombait et se détachait sur la moulure du sarcophage, il avait introduit, par une incision dans le marbre, l’insigne abbatial, c’est-à-dire l’anneau que cette jeune reli-

  1. St. Grégoire-le-Grand.