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SOUVENIRS DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

passion des belles manières et la rage des grands noms historiques ; ils étaient ravis de recevoir familièrement chez eux le Vicomte de Montmorency ; ils avaient toujours quelque chose à dire sur le Vicomte de Montmorency ; ils ne parlaient que du Vicomte, et Rulhières avait su qu’ils avaient fait à eux trois un recueil d’observations sur les manières de faire et les façons de parler de Mathieu de Montmorency, qui était alors le Vicomte de Mme de Staël ; en tout bien tout honneur s’entend, car s’il était bien tourné, ce n’était pas du côté de la galanterie[1].

Une excellente aventure est celle de Mme Necker avec un monsieur qu’elle avait supposé devoir être amoureux d’elle parce qu’il lui avait écrit deux jours de suite pour lui demander un rendez-vous. — C’était un homme de qualité, disait-on mystérieusement ; c’était sans doute un enthousiaste de M. Necker, et c’était infailliblement un homme éperdu d’amour passionné, car la mère et la fille imaginaient toujours que tous les hommes étaient dévorés et consumés d’un ardent amour pour elles. Afin de ne laisser au nouveau soupirant aucune espé-

  1. On dit qu’il est bien revenu de ses erreurs politiques depuis qu’il est en émigration, et j’en serais charmée, car, avant de se laisser dénaturer et pédantifier par la famille de M. Necker, il avait toujours été le meilleur enfant, le plus agréable adolescent et le plus aimable jeune homme du monde.
    (Note de l’Aut.)

    C’est M. Necker qui s’est chargé de publier le Recueil d’Observations dont parle Mme de Créquy, ce qu’il a fait dans ses Mélanges. Tout ce qu’on y trouve de plus intéressant et de plus curieux, c’est que M. Mathieu de Montmorency disait toujours NOUS AUTRES en parlant de sa famille.

    (Note de l’Éditeur.)