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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/133

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

père l’avait fait guetter à son arrivée d’Allemagne, pour le faire prévenir qu’il aurait à lui parler d’une chose importante, avant d’avoir vu personne à Paris, et le plus tôt possible ! IL accourut en grand-hâte à l’hôtel de Laval, rue Notre-Dame-des Champs, et voici comment lui parla M. son père (il avait la réputation d’une rigidité sans égale, et du reste, il avait été comblé de faveurs et de bienfaits par Louis XV :) — Vous avez connu, m’a-t-on dit, une jeune personne appelée Mademoiselle Lange… et pourquoi ne me répondez-vous pas ? — Mais, mon — père… Eh bien donc ? — C’est que… — Mais quoi ? — C’est que c’est une personne… — Mais c’est une personne dont il est bon de cultiver la connaissance. Elle a épousé M. le Comte de Barry, qui est un gentilhomme de très bonne origine irlandaise, et qui s’est trouvé parent des Lords Barry, Comtes de Barrymore : il a été reconnu par eux ces jours derniers, de sorte qu’on a présenté Mme la Comtesse du Barry à Versailles où le Roi la traite avec une bonté particulière ; elle a tout le crédit qu’on peut avoir, ainsi ne manquez pas d’aller lui faire votre cour assiduement et aussi respectueusement qu’il est possible. Je la tiens bien certainement pour une fort honnête personne ; mais, comme il se pourrait qu’autrefois vous eussiez entendu dire quelque chose de malséant et d’injuste à son égard, j’ai voulu vous avertir de sa position nouvelle et de mes intentions, pour que vous ne disiez rien qui soit de nature à la désobliger. J’ai voulu vous prévenir aussi qu’il est question de créer des Maréchaux de France ; ainsi, vous voyez l’intérêt que je puis avoir à vous indiquer