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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/143

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

d’ailleurs une sorte d’instinct malicieux et d’esprit corrosif, à la manière des Broglie ; et c’était du reste l’incapacité dans l’arrogance, et la fatuité dans la décrépitude.

Comme je ne compte pas vous écrire un abrégé chronologique de l’histoire de France, je ne vous détaillerai pas journellement les fautes politiques et les bévues administratives de M. de Maurepas, dont la folle confiance et l’engouement pour M. Necker ont déterminé la révolution française. Je ne compte pas discuter toutes ces grandes questions qui ne sont que du domaine de l’histoire, et qui demanderaient plus de temps et d’étendue que je ne puis leur en accorder : je vous parlerai seulement des choses qui seront à ma connaissance. Quand il est question d’émettre un avis sur un acte politique, tout le monde ne saurait en parler avec les mêmes détails et la même autorité, ce qui fait que mon récit ne s’accordera pas toujours avec les écrivains de mon temps. Quand il est question de juger un premier ministre, chacun a ses motifs d’indulgence ou ses griefs contre lui ; mais vous pensez bien que M. le Duc de Penthièvre et le Baron de Breteuil auront pu me donner des informations plus certaines et plus exactement précises que celles que MM. Grimm et Diderot, par exemple, auront pu recevoir de leurs amis. Ce sont les menus détails qui forment l’ensemble, et nous allons commencer par les petites choses.

Le caractère de Mme de Maurepas, qui était sœur du Duc de la Vrillière, et Phélippeaux de corps et d’esprit, nuisait beaucoup à la considération de son