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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/215

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

du Fils et du Saint-Esprit ; — partez, Ame chrétienne, et allez rejoindre votre créateur ; il me sembla que les cieux venaient de s’ouvrir, et je m’écriai d’une voix forte : — Ainsi soit-il ! Le curé qui ne m’avait pas encore aperçu, retourna la tête en me disant : — C’est vous, Monseigneur ?… — Oui, mon bon Monsieur, c’est moi, répondis-je en lui serrant les mains, prenez soin de Geneviève ; prenez-la chez vous, Monsieur le Curé ; je vous en prie ! je vous paierai la pension de Geneviève ; vous l’emmènerez chez vous, vous allez l’emmener chez vous pour qu’elle ne couche pas toute seule ici, n’est-ce pas ?…

« Cet ancien Curé de Rouvres, qui est aujourd’hui Prieur d’Annet, a toujours été le plus simplement charitable et le meilleur des hommes. — J’accepte volontiers, me dit-il, et sans rétribution d’argent, la charge d’élever cette pauvre orpheline. L’idée ne m’en serait peut-être pas venue ; mais la Providence a ses intentions qui dirigent nos opérations, comme dit saint Thomas, et je pense que c’est le bon Dieu qui vous a fait venir ici tout juste pour me recommander Geneviève au moment de la mort de sa mère, à côté des reliques de cette sainte femme ; car son âme est devant le bon Dieu, Monseigneur, et c’était un ange de vertu !

« Geneviève me sourit encore une fois à travers un déluge de larmes ; elle ne s’étonna point et ne se réjouit pas du tout de savoir qui j’étais ; elle avait toujours su que j’étais un bourgeois,