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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/47

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

que le madrigal adressé par ce Prince à sa belle-sœur (Madame la Dauphine), en lui envoyant un éventail, et je crois inutile de vous le rapporter, parce qu’il se trouve sur toutes les tablettes[1].

Je suis obligée de convenir pourtant qu’une des meilleures plaisanteries du monde est une certaine lettre écrite par Monsieur à la Vicomtesse de Lussan au nom de la feue Comtesse de Tessé[2], laquelle épitre est datée des Champs-Élysées, et laquelle est assurément la meilleure critique de cette sorte d’esprit vide et creux, faux et bruyant dont cette Comtesse de Tessé nous avait fatigués pendant soixante et tant d’années de prétentions, de préventions, de précipitations frivoles et d’exclamations glapissantes. Clairaut disait d’elle que c’était le chaos dans le vide et le néant dans l’agitation. On attribua généralement cette belle épitre à la Marquise de Coigny, dont le mauvais genre d’esprit est parfaitement analogue à celui de la défunte, et le plus joli de cette affaire était de voir Mme de Coigny s’en appliquer les félicitations ironiques et s’en pa-

  1. 1796. Comme je ne sais plus ce que seront devenues les tablettes avec le quatrain, à cause de là révolution, je vais l’ajouter en marge, afin de vous en éviter la recherche :

    Au milieu des chaleurs extrêmes,
    Heureux d’amuser vos loisirs,
    J’aurai soin près de vous d’amener les zéphirs.
    Les amours y viendront d’eux-mêmes.

  2. Marie-Julie de Béthune de Sully de Charost, belle-mère d’Adrienne de Noailles, aujourd’hui Comtesse de Tessé, dont je ne vous tiens pas quitte.
    (Note de l’Auteur.)