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Page:Créquy - Souvenirs, tome 5.djvu/58

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SOUVENIRS

léans. Ce fut Mme du Poulpry qui me tira d’affaire, et qui me fit coucher au fond de son vis-a-vis. Elle était dans cette voiture avec sa mère la Présidente de Confolens, qui la prit sur ses genoux ; et lorsque j’arrivai chez moi, il se trouva que je m’étais évanouie, ce qui ne dura pas moins de cinq à six heures.

Vous dire à présent comment il se fit que, huit jours après, je me laissai conduire au feu d’artifice qui fut tiré sur la place neuve, à l’entrée des Champs-Élysées, c’est une chose inexplicable, autrement que par les supplications et les persécutions du Maréchal de Brissac, gouverneur de Paris, pour qui MM. de la ville avaient eu l’attention de réserver cette grande, colonnade où se trouve aujourd’hui le garde-meuble[1]. Avant de continuer mon triste récit sur ce prétendu feu de joie, je vais vous parler d’une discussion qui s’émut à Versailles à propos du bal de la cour, et qui me parut d’une impertinence outrée.

On avait appris ou cru savoir que c’était Mlle de Lorraine, fille de Mme de Brionne et sœur de MM. de Lambesc et de Vaudémont, c’est-à-dire Princesse du même sang que l’Archiduchesse-Dauphine, qui devait danser le menuet immédiatement après les Princesses de la famille et du sang royal. C’était une distinction qui n’aurait eu rien d’intolérable ; et, par ma foi ! les Princes et Princesses de Lorraine en possédaient bien d’autres, auxquelles on avait

  1. ’est le ministère de la marine, depuis le pillage du Garde-Meuble, en 1792.