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Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/144

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

l’ancienne Rome ; mais, de ma part, ce n’était pas seulement pour l’obliger à vivre dans la continence, comme les écoliers et les histrions romains, c’était pour l’empêcher d’avoir des enfans, disait-il, afin de maintenir mon fils dans la possession du duché de Créquy, dont il ne nous restait seulement pas un arpent de terre.

L’infibulation dont il s’agit devait avoir eu lieu, non pas au moyen d’un étui de fer, comme ceux dont parle Suétone, mais au moyen d’un anneau d’or, à charnière, en forme de boucle d’oreilles, et solidement ajusté par deux chaînes d’or qui traversaient l’os sacrum, et qui venaient aboutir à un cadenas également d’or, dont il demandait à l’Assemblée de me condamner à lui restituer la clef, ce qui m’aurait prodigieusement embarrassée.

Il m’accusait tout aussi faussement, vous pouvez bien y compter, de lui avoir fait ouvrir la bouche avec un bâton ferré, pour lui faire avaler forcément un breuvage d’impuissance composé de son propre sang, de celui d’une jeune fille innocente, qui figurait au nombre des témoins, s’il vous plaît ? et de plusieurs autres drogues que la pudeur ne leur permettait pas de nommer, disaient-ils, en présence de l’Assemblée législative, sur laquelle il paraît que cette partie de la dénonciation produisit une impression très-douloureuse, avec un éclat d’indignation la plus terrible contre ces atroces Créquy ! comme disait à mon avocat cet animal de M. Roland, qui ne pouvait jamais douter de rien, sitôt qu’on accusait un membre de la Noblesse ou du Clergé de France.