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Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/164

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

fiter raisonnablement. Il avait ouï dire à M. de Sillery que j’étais une riche capitaliste, et que je devais me trouver fort embarrassée pour employer ce qu’il appelait mes capitaux !

Ce M. de Saint-Simon avait déjà pris la peine de m’écrire il y avait de cela deux ou trois mois, et c’était pour me proposer de prendre un intérêt dans une fabrique de pipes et de poterie, dont le Duc de Liancourt avait fait les premiers frais ; mais vous pensez bien que je n’avis pas pris la peine de lui répondre. Vous représentez-vous votre grand’mère, Mlle de Froulay-Tessé-Beaumanoir et Lavardin, qui aurait fait faire des cruches, des pipes et des pots de chambre en terre, afin de les vendre ? Je suis pourtant fâchée de n’avoir pas gardé copie de la réponse que je fis à cet extravagant Saint-Simon relativement à la démolition de Notre-Dame, et parce qu’il m’avait parlé de l’Empereur Charlemagne, en disant qu’il était son petit-fils ; ce que je ne voulus par souffrir impunément quoique nous fussions dans la pleine terreur. Du reste, je l’avais si bien complimenté sur l’origine de sa famille et son extraction de la maison de Vermandois, qu’il m’écrivit une lettre remplie d’injures, et que je n’ai plus entendu reparler de lui sinon pour des cartes à jouer, comme je vous le dirai plus tard. Il faut convenir que c’était une étrange espiéglerie de M. de Sillery ; sa femme n’y comprenait rien du tout[1].

  1. Ces deux premières lettres du Messie des St.-Simoniens font partie de la collection d’autographes de M. Duval Dumpierre, à qui Mme de Créquy les avait données ou confiées en 1799.
    (Note de l’Éditeur.)