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Page:Créquy - Souvenirs, tome 7.djvu/231

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SOUVENIRS

vée, ni la chaise percée non plus, malheusement pour nous...

Il avait des querelles à se prendre aux cheveux avec l’Abbé de Saint-Simon (d’Archiac), qui couchait sur le même escalier, à cinq ou six marches au-dessous de ce Marquis languedocien que Dieu confonde ! C’était souvent au milieu de la nuit que leurs disputes étaient les plus violentes, parce que celui-ci crachait toujours sur la tête de l’Abbé qui n’y voulait mettre aucune indulgence.

On nous donna bientôt pour commensale une certaine Mme Buffaut ou Buffot, qui était une élégante du quartier d’Antin, et qui faisait la grande dame et la renchérie de manière à nous en divertir beaucoup, si nous n’avions pas eu la guillotine en perspective et la famine en présence réelle. Ensuite on nous adjoignit une bonne paysanne angevine dont je m’accommodai beaucoup mieux que de cette belle camarade de chambrée. J’aime mieux les villageois que les bourgeois.

Mon temps d’arrêt dans cette prison m’a pourtant mise à portée d’observer et de connaître une sorte de gens dont je ne me doutais en aucune manière. N’ayant jamais eu de relations qu’avec le grand monde ou bien avec de bons paysans de nos terres, des valets respectueux et de pauvres personnes du peuple, je n’avais et ne pouvais avoir aucune idée de cette bourgeoisie moderne qui est stylée d’après la philosophie de Voltaire. Ignorante et suffisante espèce de gens qui se croit élégante, et dont cette Mme Buffaut devait être le modèle achevé.

Elle disait un jour à l’Abbé de Saint-Simon : —