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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/101

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Nice, etc., et je lui ai montré la chute des rois aussi inévitable que celle des feuilles. Je lui ai fait retirer plusieurs livres d’église qu’il a paru regretter, et je lui ai dit que c’était à cause de ses ci-devant armoiries qui étaient sur la couverture. On lisait sur une pendule de la chambre occupée par Louis de la Tour, Lepaute, horloger du Roi : on a effacé le nom du roi, on y a substitué celui de la république. Au reste il ne peut se plaindre d’aucun traitement rigoureux ; je vous répète que la loi ne l’a pas encore condamné, ainsi nous ne devons pas le punir, et il est très facile d’être sévère et bon. »

À côté de ces promesses d’égards, voici ce que je trouve sur notre manuscrit de correspondance, à la date du 11 décembre, c’est-à-dire le surlendemain de cette visite de Manuel :

« Le conseil de la commune de Paris vient d’arréter après délibération  :

1o Sur la demande répétée de Louis Capet, qui se dit fatigué de la longueur de sa barbe, qui refuse de se laisser raser et qui sollicite la permission de se raser lui-meme, qu’il lui sera confié deux rasoirs dont il ne pourra faire usage que sous les yeux de quatre commissaires, auxquels lesdits rasoirs devront être rendus immédiatement après[1] ;

  1. Il y avait trois mois et 13 jours que le Roi n’avait pu se faire la barbe et Billaud-Varennes a dit qu’il était politique et prudent de le laisser se raser, pour que sa vue ne fit pas une mauvaise impression sur les spectateurs des tri-