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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/124

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SOUVENIRS

En exécution de ce que m’avait recommandé M. de Penthièvre, j’écrivis à Mme de Fontevrauld[1], et je lui fis porter ma lettre par Dupont qui fut en recherche environ pendant six semaines avant de pouvoir la trouver. Ce qu’il me rapporta de sa triste position me fendit l’âme. On n’avait tenu aucun compte du testament de feu M. de Penthièvre dont tous les biens étaient séquestrés. Mme la Duchesse d’Orléans, dont on avait saisi tous les meubles (et jusqu’à son linge de corps), avait été se réfugier auprès de sa pauvre tante, et Dupont les trouva logées dans un misérable appartement d’une vilaine maison située dans la petite rue Saint-Antoine. Mme D’Ortéans-Penthièvre, car elle n’a jamais voulu s’appeler citoyenne Égalité, venait d’y revenir en fiacre. Cette grande héritière et cette puissante Abbesse n’avaient pour les servir qu’une ancienne tourière de Fontevrauld, et leur diner consista dans un mauvais pâté de 15 sous qu’elles mangèrent avec des fourchettes de fer. Mon pauvre Dupont ne cessait d’en parler.

Je suis obligée de vous dire que cette bonne reli-

    légitime du sang Royal, Grand Amiral, Grand Veneur, et trois fois Pair de France. Il est mort en son château de Vernon le 4 mars 1793, étant veuf de Marie-Thérèse d’Est, fille de François IV, Duc de Modène, et de Charlotte-Aglaé d’Orléans. (Note de L’Auteur)

  1. Julie-Sophie-Charlotte de Pardaillan de Montespan d’Antin d’Épernon, Abbesse de l’insigne église royale de Fontevrauld, chef d’ordre, née à Versaille le 2 octobre 1725, et morte à Paris le 21 novembre 1799. Elle était cousine-germaine de M. le Duc de Penthièvre. (Note de l’Auteur).