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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/161

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

escorte de cinq gendarmes, afin d’aller faire une visite à la citoyenne Sophie Arnoux qui fut bien étonnée de la voir chez elle, et qui lui répondit qu’elle n’avait aucune espèce de crédit sur Tallien ; elle ajouta qu’elle ne l’avait pas revu depuis qu’il était sorti de la maison de son père, c’est-à-dire de la loge du portier au petit hôtel de Lauraguais, où logeait ladite Mme Arnoux.

— Est-il vrai qu’elle est si drôlement piquante et qu’elle a tant de vivacité d’esprit ? lui demanda Mme Joseph de Monaco, sa belle-sœur.

— Mais je n’ai rien vu qui ressemble à cela, répondit l’autre : et vous pensez bien que je n’allais pas chez cette fille avec l’intention de batifoler avec elle, ou pour en écouter des gaudrioles ; et du reste c’est tout le contraire ; elle m’a produit l’effet d’être prude et pédante.

— En voilà bien d’un autre : et comment donc çà ?

— Le comment donc çà ? c’est qu’il y avait des marmots dans sa chambre, et qu’elle avait l’air de s’en impatienter, d’où vient que, pour lui dire n’importe quoi, je lui ai demandé si elle n’aimait pas les enfans. — Oh ! m’a-t-elle dit en minaudant avec un air délicat, je n’aime que les enfans jusqu’à un certain point : ne me parlez pas d’un garçon qui n’a pas quinze ans, on ne saurait qu’en faire ?… et voyez un peu cette marque du bon jugement de la Duchesse de Vatentinois.

C’est de là que cette pauvre femme est partie pour se suicider, non pas à la manière de cette héroïque et admirable sœur de Mme Campan, qui s’était précipitée par une fenêtre afin de garantir la [illisible]