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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/183

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Le citoyen Clément ajoutait que Pelletier de St-Fargeau fut ébloui par cette proposition vaniteuse, et qu’il se voyait déjà le beau-père d’un Roi, parce qu’il était du nombre de ces braves gens à qui Dumouriez cherchait à persuader que le fils Égalité pourrait obtenir les suffrages de la nation plutôt que son père, attendu qu’il n’avait et ne pouvait avoir, à cause de sa jeunesse, ni ennemi trop implacables, ni amis trop odieux. Toujours est-il que St-Fargeau se résolut à voter avec les régicides, et que par suite de cette manœuvre à la d’Orléans, la majorité pour la mort du Roi fut de 55 votes, au lieu que la décision contraire aurait obtenu 19 voix de majorité comme l’avait calculé Danton.

Pelletier de St.-Fargeau n’a pas plus recueilli que Philippe d’Orléans le fruit de son crime. Notre compagnon protestait que c’était Philippe-Égalité qui avait fait assassiner St-Fargeau, afin que la promesse de mariage qu’il avait souscrite avec un dédit de quatre millions restat sans effet. Il disait aussi que, pour entretenir la rage des jacobins contre Louis XVI, on s’était arrangé de manière à ce que l’assassinat de St-Fargeau précédât le supplice du Roi, et qu’on avait eu soin d’attribuer cet assassinat à un prétendu garde-du-corps. Ce que j’ai su de manière à n’en pouvoir douter, c’est que le meurtrier de ce révolutionnaire avait nom Pâris, qu’il n’avait jamais appartenu à l’opinion royaliste, et qu’il n’avait jamais servi dans les gardes-du-corps[1].

  1. Mlle Le Pelletier de Ste-Fargeau fut adoptée par la Con-