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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/185

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DE LA MARQUISE DE CRÉQUY.

Voulez-vous donc vous faire guillotiner et nous aussi ? disais-je à ce pauvre garçon. — Attendez, Madame, attendez, et vous allez voir une autre citation bien autrement épouvantable ! — Allons, citoyen Clément, c’est à propos de la captivité de notre bon Roi ; — Oui ! disait-il à notre modéré qui restait comme un éperdu et qui croyait avoir affaire à des pythonisses Érychtées.


Oui, quand il serait vrai que l’absolu pouvoir
Eût entraîné Louis par-delà son devoir,
Qu’il en eût trop suivi l’amorce enchanteresse,
(Quel homme est sans erreur, et quel Roi sans faiblesse) ?
Est-ce vous à prétendre au droit de le punir ?
Vous tous, nés ses sujets ! vous, faits pour obéir !
Un fils ne s’arme point contre un coupable père ;
Il détourne les yeux, le plaint et le révère.
Les droits des souverains sont-ils moins précieux ?
Nous sommes leurs enfans, leurs juges sont les Dieux.
Si le ciel quelquefois les donne en sa colère,
N’allez pas mériter un présent plus sévère,
Trahir toutes les lois au lieu de les venger,
Et renverser l’État au lieu de le changer !


N’allez pas révéler à Jacques Clément que ce sont des vers de Voltaire ! je me divertis beaucoup à lui faire croire qu’un privilége des aristocrates est de ne se parler qu’en vers et de pouvoir improviser de beaux alexandrins sur toutes sortes de sujets.

Cet excellent jeune homme allait panser tous les matins un vieux juif italien, nommé Ficraventi, qui s’opiniâtrait à conserver deux vésicatoires der-