Aller au contenu

Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/198

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
194
SOUVENIRS

et s’en alla rejoindre son père au château de Vernon. Il y eut deux ou trois jours après quatre ou cinq cents patriotes de la section des Petits-Pères qui furent certifier au comité de salut public que la citoyenne Adélaïde, née Penthièvre, était si dangereusement malade d’une fièvre maligne et pernicieuse, qu’il y avait impossibilité notoire à ce qu’elle fût transportée de son lit dans sa prison. Comme cette princesse a toujours été d’une véracité scrupuleuse, vous pouvez compter qu’elle n’était pour rien dans cette menterie, dont elle n’a jamais pu nous donner la clé. M. de Penthièvre imagina que c’était peut-être une manœuvre en exécution d’un calcul de son gendre ; mais la conduite du Duc d’Orléans n’était pas toujours susceptible d’explication, et je vous assure que dans les combinaisons de sa politique, ainsi que dans les actes de sa vie privée, il y avait presque toujours autant de maladresse et de manque d’esprit que de perversité. Philippe Égalité commença par subir un interrogatoire en arrivant à Marseille[1]. Il y nia positi-

  1. Ce fut à l’occasion de son exil et son séjour en Provence que Mme de Montrond avait composé le couplet suivant, qui circula dans toutes les prisons de Paris.

    Toujours sur l’humide élément
    D’Orléans a fait merveilles,
    Et le grand vainqueur d’Ouessant
    Va, dit-on, ramer à Marseilles.
    Rendez grâce à la liberté
    Qu’il va porter sur nos galères ;
    Un amant de l’égalité
    N’y peut rencontrer que des frères.

    (Note de l’Auteur)