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Page:Créquy - Souvenirs, tome 8.djvu/64

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SOUVENIRS

quitter l’hôtel de Toulouse où elle s’était réfugiée auprès de son père, depuis la fin d’août 1790[1]. Enfin M. de Penthièvre et sa malheureuse fille avaient quitté Paris après l’emprisonnement de la famille royale. Le respect et l’affection de leurs anciens vassaux les avaient accueillis dans leur exil, et c’était une grande consolation pour moi.

Je ne vous dirai rien de Mme la Duchesse de Bourbon, sinon qu’elle était devenue Martiniste, non pas de la secte de ce M. Saint-Martin, qui avait découvert que les purgatoriens sont couleur de marron, mais à la suite de Don Martinès de Pasqualis, qui disait que la Sainte Vierge était vivante, et qu’elle se tenait habituellement à San-Lucar de Barameda, qui est une petite ville auprès d’Alicante en Andalousie. La Duchesse de Bourbon, sœur de Philippe-Égalité, se faisait appeler la citoyenne Vérité, et lisait continuellement les pères de l’Église. Leur sagesse entretenait sa folie.

Parmi les documens les plus intéressans qui nous soient parvenus en prison, je ne manquerai pas de vous rapporter la naïve et curieuse relation de Mlle de Tourzel, ainsi qu’une lettre de sa mère, dont M. de Dampierre avait eu soin de nous envoyer une copie. Je n’aurai garde d’y toucher pour en

  1. Voyez Correspondance de Louis-Philippe-Joseph d’Orléans, page 195, où se trouve la copie d’une autre signification presque entièrement semblable et portant la même accusation contre M. de Penthièvre. Elle est datée du 19 avril 1791 : ainsi tout donne à penser que c’est la première sommation dont l’auteur a voulu parler.
    (Note de l’Éditeur.)