Page:Crevel - Êtes-vous fous?, 1929.djvu/65

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Rien qu’à se rappeler la nique du capitaine et les mots dont il la narguait, la ci-devant Myrto-Myrta, Yolande, aujourd’hui encore, s’exaspère. Elle prend Vagualame à témoin.

— Avez-vous jamais vu pareil soudard ? Et qui aurait pu deviner sous le masque du gosse bien balancé le vrai visage de M. Mystère ? J’avais beau m’y connaître en espions, j’étais faite. M. Mystère m’accompagna jusqu’à Saint-Lazare, où ma seule vengeance fut de lui cracher au visage, en guise d’adieu. Ma colère ainsi apaisée je décidai d’accepter sans broncher toutes les épreuves à venir, me disant : « J’ai joué, j’ai perdu ». Donc, ce fut partout le même et impassible visage, dans mon cachot, chez le juge d’instruction, au conseil de guerre, lorsqu’on lut la sentence qui me condamnait à la peine capitale. Mon avocat avait écrit aux Indes, et juste la veille du jour que je devais être exécutée, j’apprends que mon chéri, demain, sera de retour, avec un fakir dernier cri et la manière de s’en servir. Il parait que je suis sauvée. Je danse. Je chante. Les bonnes sœurs me croient folle. Qu’elles